Il y a urgence à prendre au sérieux les impacts sanitaires des dégradations environnementales que l’on observe autour du monde. Dans ce cadre, les professionnels de santé ont un rôle particulier à jouer. Des liens concrets entre santé des écosystèmes et santé de l’humain sont en effet identifiables. Le concept de « co-bénéfices » permet de lier, au travers d’actions tangibles, les bénéfices à court et long terme pour la santé humaine et la réduction des dégradations environnementales. Cette approche représente une opportunité d’accélérer les changements sociétaux nécessaires pour diminuer les dégradations environnementales et rendre nos sociétés plus durables.
Le terme d’écologie se réfère ici à la science ayant pour objet les relations des êtres vivants entre eux et avec leur environnement.
Limites planétaires
La santé des écosystèmes et la santé humaine sont intimement liées. Ces liens sont formalisés dans des concepts et initiatives comme « OneHealth », « EcoHealth » ou « Planetary Health ». Ces concepts se basent sur une reconnaissance des relations d’interdépendances entre les organismes vivants, humains et non-humains, et leurs écosystèmes. Pourtant, nous sommes dans une période où l’activité humaine conduit à des dégradations profondes de l’environnement autour du monde. Les limites planétaires décrivent des seuils de transformations des écosystèmes à ne pas dépasser, au niveau mondial, qui ont été identifiés pour neuf domaines.
Domaines concernés par les limites planétaires
(risque croissant) Zone d’incertitude dépassée
(risque élevé)
Crédit : J.Lokrantz/Azote, based on Steffen et al., 2015. Traduction des auteurs.
Or, plusieurs de ces limites sont dépassées ou dans une zone d’incertitude et de préoccupation ce qui compromet la capacité des systèmes naturels à fournir les services écosystémiques qui supportent la vie sur Terre. Dans cette perspective, des rapports, en particulier ceux du Lancet Countdown, tirent la sonnette d’alarme face aux menaces majeures pour la santé des populations mondiales et pour les générations futures qui découlent des tendances actuelles du réchauffement climatique et plus généralement des dégradations environnementales.
Parallèlement, si nos modes de vie participent à la surexploitation des ressources et la dégradation des écosystèmes naturels, il apparait également clairement qu’un certain nombre de problèmes de santé auxquelles la société fait face aujourd’hui résultent de ces mêmes modes de vie. Par exemple, la prévalence accrue de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires ou l’obésité sont corrélées à la consommation de nourriture ultra-transformée, riches en graisses saturées et en sucre, à la sédentarité croissante de la population qui se déplace majoritairement en transport motorisés ou qui peine à s’engager dans des activités physiques en extérieur.
Le concept de co-bénéfice
Que peuvent faire les médecins et plus généralement les soignants face à ces bouleversements majeurs ? Compte tenu du fait que certaines caractéristiques de nos modes de vie contemporains participent d’un côté au réchauffement climatique et à la dégradation des écosystèmes autour du monde, et de l’autre contribuent à l’accroissement de maladies dites « de civilisation », certains changements de comportements individuels ou sociétaux peuvent aussi bien bénéficier directement à la santé humaine qu’à la préservation de l’environnement. Ce lien est présenté dans la littérature sous le terme de « co-bénéfices ». Témoins privilégiés des impacts délétères que les dégradations environnementales peuvent avoir sur la santé des individus et de la population, les médecins et les soignants peuvent contribuer à rendre plus concrets les enjeux environnementaux et ainsi encourager des changements de comportements des individus et des transformations structurelles au niveau des collectivités publiques.
dépend de la santé
de l’environnement.
Co-bénéfice
Une action présente un double bénéfice. Elle bénéficie à la santé humaine en même temps qu’à l’environnement. Et du fait de la dépendance de l’humain aux systèmes naturels, l’humain bénéficie doublement de l’action au travers de la préservation de l’environnement.
«Choix quotidiens et changements clés que les personnes/patients peuvent faire dans leur propre vie qui conduisent simultanément à un bénéfice pour leur propre santé et pour celle de l'environnement »
Source : WONCA (Association mondiale de médecine générale - médecine de famille)