Sommaire
00:00 Introduction : pourquoi questionner la durée des antibiotiques ?
01:12 Contexte : Données antérieures
03:00 Design de l’étude BALANCE : objectifs, méthode, population incluse
05:45 Résultats principaux : mortalité, IC 95 %, seuil de non-infériorité
08:20 Analyse des critères secondaires et effets indésirables
10:10 Limites méthodologiques : randomisation tardive, biais potentiels
12:00 Interprétation clinique : que faire au lit du patient ?
13:50 Perspectives et pratiques futures
Résumé
L’essai randomisé contrôlé BALANCE visait à évaluer la non-infériorité d’une antibiothérapie de 7 jours par rapport à 14 jours chez les patients hospitalisés avec une bactériémie documentée à bacilles à Gram négatif. Cette étude multicentrique ouverte a inclus 3’509 patients dans 60 hôpitaux de 9 pays. Les patients étaient randomisés au jour 7 après hémoculture positive si leur état clinique était stabilisé et que le foyer infectieux était jugé contrôlé.
Le critère principal était la mortalité toutes causes confondues à 90 jours. Les résultats montrent une mortalité de 11,7 % dans le groupe 7 jours contre 10,2 % dans le groupe 14 jours, soit une différence absolue de +1,5 % (IC 95 % : –0,6 à 3,5). La marge de non-infériorité prédéfinie était de 4 %, mais l’intervalle de confiance croise zéro, ce qui empêche de conclure formellement à la non-infériorité.
Les critères secondaires (récidive d’infection, réhospitalisation, effets indésirables, colonisation par bactéries multirésistantes) ne différaient pas significativement entre les groupes. L’analyse en sous-groupes (âge, pathogène, foyer infectieux, immunosuppression modérée) a montré des résultats cohérents. L’étude présente plusieurs forces, notamment sa taille, sa représentativité, et une randomisation robuste. Toutefois, l’absence d’aveugle, la randomisation tardive (à J7) et l’exclusion de 25 % des patients inclus initialement constituent des limites. Malgré l’échec statistique de la démonstration de non-infériorité, les données suggèrent qu’un traitement court pourrait être suffisant dans des cas sélectionnés, en l’absence de complications et avec un bon contrôle du foyer infectieux. Ces résultats encouragent une approche plus individualisée de la durée de traitement.