Les auteurs ont analysé 9280 patients avec une infection confirmée à SARS CoV-2 dans 68 hôpitaux de la province du Veneto en Italie et analysé leurs maladies sous-jacentes et leur devenir.
Il ressort de l’étude que :
- Les femmes sont infectées avec une prévalence de 58% contre 44% pour les hommes.
- Cependant, les hommes sont plus fréquemment hospitalisés (60% contre 40%), nécessitent plus fréquemment des soins intensifs (78% contre 22%), et présentent une issue fatale plus fréquente (62% contre 38%). Ces observations confirment celles déjà observées dans d’autre études.
- Parmi les 9280 patients, 786 (8.5% avaient un diagnostic de cancer sous-jacent, dont 118 cancer de la prostate ( 2.3% de la population des 4532 hommes). L’âge des patients avec cancer de la prostate (ca P) n’était pas différent de celui des patients avec d’autres cancers.
- Parmi les 118 patients avec ca P analysés selon leur mode de traitement, seuls 4 patients sous traitement anti androgènes (TAD) ont développés une infection SARS CoV-2 ( risques significativement inférieurs comparé aux 114 patients sans TAD, OR 4.05, et significativement inférieur comparé aux 786 patients avec tout type de cancer OR 5,17).
- Les patients avec ca P sous TAD ont un risque moindre de développer une infections SARS CoV-2, et un meilleur pronostic.
Commentaire
Pour pénétrer dans les cellules, SARS CoV-2 se fixe par sa protéine S sur les récepteurs ACE2 présents sur les cellules respiratoires. Une serine protease transmembranaire, la TMPRSS2, clive ensuite la protéine S, et permet l’entrée et la fusion du virus dans la cellule.
TMPRSS2 est présente dans le tissu prostatique, et dans le tissu pulmonaire.
Son expression est régulée par le récepteur androgen (RA). TMPRSS2 est hyper-exprimée dans les ca P localisés et métastatiques, d’où les TAD.
Le fait que le RA est responsable de la production de TMPRSS2 pourrait expliquer en partie la susceptibilité accrue des hommes à développer des infections plus sévères que les femmes, et, à l’inverse, que les traitements anti androgènes auraient un effet protecteur.
Les auteurs suggèrent que ces observations pourraient avoir des conséquences thérapeutiques (et prophylactiques ?) dans l’infection à SARS CoV-2.