Deux papiers convergent vers la même conclusion, au fond pas surprenante : la pollution atmosphérique est un facteur de risque d’évolution sévère et de mortalité pour COVID-19.
Tandis que le premier papier expose une hypothèse physiopathologique, selon laquelle la pollution induit un status inflammatoire dans les voies respiratoires. Celle-ci serait responsable d’une aggravation de la sévérité de COVID-19, rendant compte de la mortalité très élevée en Lombardie et Emilie-Romagne, deux des régions les plus polluées d’Italie et d’Europe ;
Le deuxième, posté le 7 avril par un groupe ayant un track record de publications sur la corrélation entre les marqueurs de pollution et les maladies chroniques, et non encore reviewé, rapporte une étude de corrélation entre des marqueurs de pollution chronique et la mortalité de COVID-19 aux États-Unis. Parmi 3080 comtés, représentant 98% de la population US, ils calculent l’exposition à différents polluants, en particulier les particules fines PM2,5 à partir de banques de données publiques, et les corrèlent avec la mortalité par COVID-19, arrêtée au 4 avril telle que rapportée par Johns Hopkins University, Center for Systems Science and Engineering Coronavirus Resource Center. Les auteurs rapportent qu’un incrément de seulement 1 μg/m3 en PM2.5 (particules fines pénétrant profondément dans les voies respiratoires) est associé à une augmentation de 15% de la mortalité due à COVID-19, (CI95 : 5%, 25%). Ces résultats sont statistiquement significatifs et robustes lors d’analyses secondaires et de sensibilité aux facteurs confondants (tous les prédicteurs connus de mortalité de COVID-19). Ce résultat est à comparer avec leur résultat précédent d’augmentation de la mortalité toutes causes confondues, pré-COVID de 0,73% pour 1 μg/m3 en PM2.5. Conclusion : un petit incrément de l’exposition à long terme de à PM2.5 conduit à une forte augmentation de la mortalité due à COVID-19, d’une magnitude de 20 fois celle observée sur la mortalité toutes causes confondues.
Citation(s)
Can atmospheric pollution be considered a co-factor in extremely high level of SARS-CoV-2 lethality in Northern Italy? Edoardo Conticinia, Bruno Frediania, Dario Caro https://doi.org/10.1016/j.envpol.2020.114465
Exposure to air pollution and COVID-19 mortality in the United States. Rachel C. Nethery, Benjamin M. Sabath, Danielle Braun, Francesca Dominici https://doi.org/10.1101/2020.04.05.20054502
Commentaire
Les auteurs concluent que leur résultat souligne l’importance de maintenir la législation contrôlant la pollution aérienne visant à protéger la santé pendant et après la crise, alors que le gouvernement américain vient de largement lâcher la bride aux industries polluantes.
Ironiquement cependant, par sa capacité à paralyser l’activité économique et réduire la pollution, l’épidémie de SARS-CoV-2 porte en elle un facteur de sa propre atténuation en termes de sévérité.