L’analyse des résultats des études récentes ou en préparation (circulant sous forme de manuscrits) montre des résultats décevant de l’hydroxychloroquine avec des taux de mises en soins intensifs ou de mortalité assez semblables avec ou sans hydroxychloroquine.
Si cela s’avère vrai, les études du Prof Raoult pourraient indiquer que c’est le zithromax qui est responsable des résultats favorables observés chez des patients traités avec les deux substances et qui allaient cliniquement mieux – même si cette amélioration n’est elle-même pas encore confirmée (étude en attente de l’enrôlement de plus de 1000 patients).
Nos collègues des HUG ont élargi la section sur le zithromax et rapportent une série d’études où l’effet antiviral est obtenu par l’augmentation des interférons 1 et 3 dans l’épithélium des bronches et un effet sur l’internalisation virale. L’impact est observé sur les infections virales en particuliers le RSV, le H1N1 (Trau et al 2019) ou les entérovirus A71 (Zeng et al 2019). Ceci corrobore une revue du sujet dans une autre de nos revues (Oncotarget 2017). Ils reprennent des résultats qui ont montré que les enfants traités avec zithromax supportent mieux des infections à RSV en particuliers.
Les effets antiinflammatoires du zithromax y sont enfin repris puisque cette substance a permis de diminuer les cytokines inflammatoires dans une série clinique de RSV et d’autre part dans des infections grippales. Ces effets anti-inflammatoires sont bien connus en pneumologie dans les bronchiolites des transplantés, les asthmes sévères ou les BPCO dont plus de la moitié des exacerbations sont secondaires à divers virus (voir notre revue : Azithromycine inhibits IL-1 secretion and noncanonical inflammasome activation ; Nature 2015). Les cliniciens qui utilisent le zithromax rapportent aussi une chute de températures dans les 48 heures, ce qui s’explique par le lien entre IL-1 et température, connu depuis les travaux du Prof Jean-Michel Dayer, en particulier. Cela expliquerait aussi la diminution marquée de la toux chez de nombreux sujets après 5-7 jours toujours dans des observations de praticiens.
Résumé de l'étude :
Des données in vitro parlent pour une efficacité antivirale de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine contre le SARS-CoV-2 qui a entrainé un large enthousiasme.
La mise au point et revue des HUG du 17.04.2020 reprend en détail les études publiées à ce jour ou en voie de l’être. La conclusion est que la preuve de l'efficacité clinique de la chloroquine et de son innocuité chez les patients atteints de COVID-19 n’a pas encore été établie, avec même des résultats contradictoires et des effets secondaires, à type de cardiotoxicité et neurotoxicité, en raison des doses nettement supérieures à celles utilisées pour les arthrites rhumatoïdes ou le lupus.
La section sur le zithromax s’est enrichie avec d’articles qui montrent que cette substance bien connue des pédiatres et des pneumologues s’est avérée beaucoup moins liée à des effets secondaires - soit aux doses antibactériennes et encore moins aux doses immunomodulatrices - à moyen ou long terme, que l’hydrochloriquine. Le taux de germes résistants ne s’est pas montré inquiétant dans de larges études pneumologiques tant dans la mucoviscidose, les transplantés que des asthmatiques.
Citation(s)
Revue des Hôpitaux Universitaires de Genève sur les traitements potentiels du COVID : Azithromycine et COVID-19 : évaluation pharmacologique, F. Curtin, C. Samer https://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/structures/coronavirus/documents/azithromycine-et-covid-19.pdf / Chloroquine, hydroxychloroquine et COVID-19 : évaluation pharmacologique, F. Curtin, KR Ing Lorenzini, P. Vetter, C. Samer https://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/structures/coronavirus/documents/hydroxy-chloroquine_et_covid-19.pdf
Commentaire
Il est grand temps de tester des protocoles avec l’azithromycine seule dans les infections de type COVID compte tenu de ses propriétés antiinfectieuses, y compris antivirales, mais aussi antiinflammatoires. Son profil pharmacologique est très favorable aux doses antibactériennes comme immunomodulatrices.