Deux études récemment publiées permettent de mettre en évidence l’utilité de la sérologie dans l’aide au diagnostic dans la phase aiguë de la maladie d’une part, tout en nous permettant, d’autre part, de nous fournir des indications comme futur marqueur de l’immunité populationnelle.
1) L’étude de Guo et collaborateurs
Le diagnostic de l’infection à COVID-19 repose actuellement sur la mise en évidence par PCR du matériel génétique viral. Bien que la sensibilité analytique de cette méthode soit excellente, il existe un certain nombre de « faux négatifs », notamment lorsque la PCR est effectuée sur un prélèvement respiratoire supérieur (frottis nasopharyngé ou oropharyngé), alors que le virus se multiplie dans les voies respiratoires inférieures. Ceci entraine des conséquences aussi bien dans l’approche médicale des patients que dans la gestion de la santé publique.
L’étude s’est intéressée à la cinétique de l’apparition des anticorps en dosant les anticorps totaux ainsi que les IgM, IgA et IgG. Ceux-ci ont été effectués chez 82 patients dont l’infection avait été confirmée par PCR et chez 58 patients dont la clinique était évocatrice d’une infection à COVID-19, mais avec une recherche négative du virus par PCR.
Dans les échantillons prélevés au cours des 7 premiers jours après le début de la maladie, les PCR étaient positives dans 66,7% des cas et de 38,3% des cas pour le dosage d'anticorps. Au cours de la deuxième semaine après le début de la maladie, les taux positifs étaient de 54,0% pour la PCR et de 89,6% pour les tests d'anticorps. L'utilisation combinée de la PCR et des tests d'anticorps améliore le diagnostic au cours des différentes phases de la maladie. Dans la cohorte de patients dont l’infection n’a pas été confirmée par PCR une sérologie IgM a été trouvée dans 93,1% des cas, avec une apparition précoce. Les IgG apparaissent plus tardivement (environ 15 jours).
Les auteurs concluent que si la PCR reste un examen très adapté lors du début des symptômes l’adjonction d’une sérologie IgM apporte une information capitale dans l’aide au diagnostic.
2) L’étude de Zhao et collaborateurs
L’étude présente des similarités avec la précédente. Mais elle n’a considéré que des cas confirmés (173 cas) par PCR. Les anticorps ont été trouvés dans un petit nombre de cas dès le jour suivant l'apparition des symptômes, mais la performance du dosage des anticorps (totaux, IgM et IgG), dans la première semaine est inférieure à celui de la PCR (38% vs 66%). Mais, dès la fin de la première semaine le dosage des IgM, ELISA a détecté plus de cas que la PCR. La combinaison d'IgM ELISA plus PCR a détecté 98,6% des cas contre 51,9% avec une seule PCR. Aucune réactivité croisée n'a été trouvée avec les coronavirus courants. Dans un cluster familial, les contacts familiaux négatifs à la PCR avaient un test sérologique positif, confirmant ainsi la présence d'anticorps dans l'infection asymptomatique.
A noter la forte augmentation des IgG dès le 15ème jour.
Citation(s)
Juanjuan Zhao, Quan Yuan, Haiyan Wang, et al., Antibody responses to SARS-CoV-2 in patients of novel coronavirus disease 2019, Clinical Infectious Diseases, ciaa344, https://doi.org/10.1093/cid/ciaa344
Li Guo, Lili Ren, Siyuan Yang, et al. Profiling Early Humoral Response to Diagnose Novel Coronavirus Disease (COVID-19), Clinical Infectious Diseases, ciaa310, https://doi.org/10.1093/cid/ciaa310
Commentaire
Ces deux études fournissent des arguments solides sur l’apport que peut donner le dosage des Ig dans le dx aigu d’une atteinte à COVID-19. Associée à la recherche du virus par PCR elle donne dès la première semaine un taux de dx excellent et est certainement supérieur à la PCR dans le cas d’infection moins récente.
Mais ces études sérologiques mettent en évidence une sensibilité et une spécificité d’AC de quasi 100% dès le 15ème jour. Il faut noter qu’il existe une réaction croisée avec le SARS-CoV-1 responsable de l’épidémie de 2003. Des rares cas sont signalés négatifs dans des atteintes sévères suggérant peut-être une immunodéficience (moins de 2%). Cela donne évidemment une excellente base à des études épidémiologiques futures qui permettront de connaître de façon précise la prévalence de l’infection dans la population.
Plusieurs questions subsidiaires restent évidemment en suspens :