Les auteurs proposent un modèle pour évaluer la séroprévalence en France.
Même si ce papier n’est pas encore dans son état définitif, ni a fortiori reviewé, ses auteurs jouissent d’un crédit tel qu’il mérite d’être mentionné. Utilisant des données d’hospitalisation et de mortalité en France couplées avec la morbidité spécifique à l’âge documentée dans l’épidémie et intensément étudiée à bord du Diamond Princess, les auteurs modélisent l’épidémie en France pour détailler la dynamique de la transmission de SARS-CoV-2 en France et l’impact du confinement sur cette dynamique.
Ils élucident le risque d’infection par SARS-CoV-2 et leur évolution grave (hospitalisation et décès) en fonction de l’âge et du sexe et estiment (et prédisent au 11 mai prochain) la proportion actuelle nationale et régionale de la population qui a été infectée et pourrait, à tout le moins de manière temporaire, être immune. Avec une projection au 11 mai, au début du déconfinement de 3.7 millions (fourchette: 2.3-6.7) d’individus (5.7% de la population, 3,5-10,3%) d’individus auront été infectés (jusqu’à 12,3% en Île de France).
Commentaire
Cette modélisation permet de caractériser en détail l’impact de la première vague de SARS-CoV-2, sa traduction en charge d’hospitalisations en soins standard et intensifs et sa mortalité, ainsi que l’effet bénéfique même si dramatique du confinement.
Les chiffres obtenus sont compatibles avec les résultats préliminaires encore non publiés formellement de séroprévalence.
Ces données confirment les prédictions pessimistes sur la capacité de la pandémie, en l’absence de mesures de distanciation, de submerger les systèmes de santé, et justifient pleinement, rétrospectivement, ces mesures, en France et ailleurs par analogie.
Par ailleurs, elles démontrent combien des mesures de distanciation résiduelle lors du déconfinement seront nécessaires pour éviter une seconde vague, qui compte tenu de la proportion non immune de la population, pourrait être aussi dramatique que la première et nécessiter une nouvelle période de confinement.
Enfin, elles soulignent l’importance des études de surveillance microbiologique (détection des cas incidents et de leurs chaines de transmission par PCR), et de séroprévalence pour optimiser la sécurité de la phase de déconfinement, en attendant, si tant est qu’ils deviennent disponibles, l’arrivée de vaccins sûrs et efficaces.