Les travailleurs de la santé qui sont en contact avec les patients courent un risque accru d'infection par le SRAS-CoV-2. De plus ils peuvent transmettre le virus aux membres de leur famille et à d'autres contacts privés. Une première estimation de l'ampleur de ce risque provient d'une analyse d’une cohorte de travailleurs employés par le Scottish National Health System dans lequel travaille 79% de femmes. La cohorte comprenait 158 445 travailleurs de la santé, la plupart (90 733; 57,3%) faisant face aux patients, et 229 905 membres du ménage.
Le risque d'admission à l'hôpital avec COVID-19 chez les travailleurs de la santé en contact avec le patient, sans contact avec le patient et inclassables était de 0,20%, 0,07% et 0,11%, respectivement. Parmi les personnes atteintes de COVID-19, le risque d'hospitalisation était de 11,5%, 7,3% et 10,5%, respectivement. Après ajustement pour tenir compte des facteurs de confusion, les agents de santé en contact avec les patients avaient un risque 3,3 fois plus élevé d'hospitalisation que les agents de santé non en contact avec les patients au cours de l'ensemble de la période d'étude, et le risque augmentait avec le temps (rapports de risque : 2,6, 4,2 et 6,4 en mars, avril et mai respectivement), sauf dans le personnel des soins intensifs. Le risque d'admission chez les travailleurs de la santé non en contact avec les patients était similaire à celui de la population générale en âge de travailler. Les 136563 membres du ménage des agents de santé en contact avec les patients présentaient un risque 1,8 fois plus élevé d'hospitalisation avec COVID-19 par rapport à la population générale, alors que le risque pour les membres du ménage des 44 812 agents de santé non en contact avec les patients était similaire à celle de la population générale en âge de travailler. Dans l'ensemble, les travailleurs de la santé et leurs ménages ont contribué pour un sixième de tous les cas de COVID-19 admis à l'hôpital dans la population en âge de travailler.
Commentaire
On ne peut qu’être préoccupé par cette augmentation des cas d’infections et d’hospitalisations des soignants qui présentent une interface proche avec les patients. Surtout que celles-ci augmentent avec le temps d’exposition malgré une meilleure connaissance présumée des risques de transmission et une plus grande disponibilité des équipements de protection. Cette découverte met en évidence la nécessité de respecter strictement les mesures de protection - même dans les contextes de contact avec les patients perçus comme à risque faible ou modéré - pour protéger les travailleurs de la santé et les membres de leur ménage contre le COVID-19. On peut espérer qu’une meilleure connaissance des modalités de la contamination et des mesures très strictes de protection permette d’améliorer cette situation qui a été observée au début de la première vague.