En Suisse, nous subissons une deuxième vague d’une intensité qui nous place au premier rang en comparaison internationale, et qui va très probablement s’étaler encore plusieurs mois et se traduire par une morbidité et une mortalité ainsi que par un coût économique sans précédent.
Nous ne savons pas encore quand l’immunité post-infectieuse de la population sera suffisante, notamment en raison des doutes concernant sa durée. Le ralentissement saisonnier de la pandémie jouera peut-être un rôle positif au printemps, mais insuffisant et provisoire. Le seul moyen permettant de desserrer les mesures de distanciation sociale et d’améliorer la situation globale est donc le vaccin.
Les résultats des études de phase 3 des vaccins COVID de BioNTech/Pfizer et Moderna sont apparues comme des rayons de soleil. Leur présentation détaillée aux autorités d’enregistrement de médicaments, ouverte au public sur Internet par la FDA les 10 et 17 décembre, avec la publication de dans le New England Journal of Medicine de l’étude BioNTEch/Pfizer, ont donné un accès complet à ces données. C’est sur cette base que la Grande-Bretagne, puis les États-Unis, le Canada, et très prochainement (le 21 décembre) la Communauté européenne, ont ou vont décider d’enregistrer ce vaccin en procédure accélérée, sans que les exigences en termes d’efficacité et de sécurité aient été abaissées. Les données à disposition donnent une estimation assez précise de l’efficacité remarquable de ces vaccins, et de leur sécurité à moyen terme, y compris pour des sous-groupes à risque en raison de leur âge ou de comorbidités. Chez les personnes âgées, les groupes sont de taille certes réduite, mais l’intensité de leur réponse immune laisse prévoir que les résultats ne seront que renforcés.
Et la Suisse ? De l’aveu de Swissmedic, nous ne disposons pas d’une procédure d’urgence d’enregistrement d’un nouveau vaccin. On entend couramment dire que ce n’est pas une mauvaise chose, puisqu’attendre que d’autres pays nous précèdent permettra d’obtenir davantage de données sur l’efficacité de ces vaccins, en particulier concernant les sous-groupes à risque, et sur leur sécurité. Mais l’argument ne tient pas. Car en réalité, ces informations supplémentaires ne seront pas disponibles avant que ne soient récoltées, analysées et publiées les données de ce qu’il est convenu d’appeler les études de phase 4 (après enregistrement), ou de la surveillance post marketing (après mise sur le marché), ce qui peut prendre de nombreux mois, voire des années.
Entretemps, de nombreux individus qui auraient pu être protégés du COVID auront été infectés, avec la morbidité et la mortalité que l’on sait. Pour les individus à risque, les personnes âgées surtout, le rapport risque/bénéfice de la vaccination plaide clairement pour une vaccination aussitôt que possible. En effet, le bénéfice est de pouvoir éviter le décès ou les séquelles infectieuses, sortir de la solitude, ne plus surcharger les hôpitaux et le système de santé, et en même temps ne plus se sentir un poids pour les autres. Au niveau des risques, il y a les douleurs au point d’injection, il est vrai assez systématiques, et chez la moitié des patients de la fièvre, des céphalées et des myalgies, généralement modérées et ne durant pas plus de 2 jours. Seuls des effets secondaires tardifs ou très rares pourraient encore avoir passé sous le radar de ces études qui, rappelons-le, ont déjà suivi des dizaines de milliers de personnes.
Beaucoup de personnes à risque ont un fort désir non seulement de se protéger, mais aussi d’exercer leur responsabilité sociale vis-à-vis du reste de la population. Les informations disponibles et validées sont maintenant suffisantes pour qu’elles puissent donner un consentement éclairé à leur vaccination. Il n’existe aucune bonne raison de retarder leur vaccination, même de quelques jours ou semaines.