Les médicaments opioïdes prescrits à long terme dans le cadre du syndrome de dépendance aux opioïdes ont longtemps été qualifiés de « traitements de substitution » et compris à tort comme « remplacement d’une drogue de rue par une drogue d’Etat ». Des régimes spéciaux d’autorisation en sus des procédures ordinaires d’homologation du médicament et de supervision des professionnels entravent l’accès au traitement. Afin de guider les pays dans leurs efforts de modernisation de leur réglementation y relative, le Groupe Pompidou a mandaté un groupe d’experts de la santé et du droit qui ont défini 62 principes directeurs et avancé quatre recommandations stratégiques, à savoir : 1) la suppression des régimes d’autorisation, 2) la suppression des barrières financières, 3) le suivi par une instance nationale consultative et 4) l’adoption d’une terminologie neutre, précise et respectueuse.

Nouvelles drogues disponibles en un clic, pléthore de l’offre de jeux, nouvelles réglementations sur le cannabis, la médecine de l’addiction a bien à faire ! En 2018, nous voyons apparaître en Suisse une reconnaissance de la formation en médecine de l’addiction, les jeux font leur entrée dans la CIM-11 et le vapotage d’abord considéré avec méfiance trouve une place dans la pharmacopée de la lutte contre le tabac. Mais ce n’est pas tout, sur le front de l’alcool on s’aperçoit que même un petit verre peut faire mal et la médecine des addictions évolue vers des modèles de soins qui visent à mieux vivre avec la maladie plutôt que de s’en défaire. Finalement, l’épidémie américaine de prescription détournée d’opioïdes inquiète en Suisse, même si la situation et le contexte sont très différents.

Le langage influence les attitudes et le comportement des clinicien·ne·s. Notamment l’emploi d’un langage stigmatisant et amalgamant les personnes en traitement et leur comportement a une influence négative sur les attitudes des clinicien·ne·s, leur perception des personnes, des troubles et des soins proposés. En médecine des addictions, employer un langage non stigmatisant, précis et scientifiquement approprié vise à améliorer la prise en charge et l’entrée en soins ainsi que la communication entre professionnel·le·s, diffuser les connaissances actuelles auprès des usager·ère·s du système de soins et de leur entourage, des professionnel·le·s de la santé et de la société en général. L’utilisation d’un langage centré sur la personne, précis, non argotique est crucial.

Cet article montre l’intérêt d’une nouvelle forme d’administration inhalée d’héroïne pharmaceutique actuellement à l’étude. Il sensibilise aux conditions particulières de la prescription d’agonistes opioïdes en milieu carcéral et ressuscite des souvenirs des seventies en reprenant l’exploration scientifique des vertus thérapeutiques de la psilocybine. Même si le vapotage semble être un bon moyen de lâcher la cigarette, les anciens fumeurs ont tendance à s’y accrocher et un risque de pneumonie chimique parfois mortelle vient d’être mis en évidence. Finalement, le retrait de l’OMS de deux directives relatives à l’usage d’opioïdes dans le traitement de la douleur, sur fond de suspicion de conflit d’intérêts, montre l’équilibre délicat entre sur- et sous-prescription des antalgiques opioïdes.

Le développement de la recherche, de la pratique clinique et de la prévention en addictologie est davantage influencé par les circonstances sociopolitiques que dans de nombreuses autres disciplines. La recherche sur les psychédéliques a ainsi longtemps été entravée par une politique prohibitive mais a été relancée récemment grâce à l’assouplissement de ces positions politiques. La prescription importante du baclofène pour traiter l’addiction à l’alcool est principalement la conséquence d’un soutien populaire et n’est jusqu’à présent pas clairement appuyée par la recherche spécifique. Le but de la nouvelle loi sur les jeux d’argent était d’harmoniser les dispositifs de régulation concernant les loteries et paris d’une part et les jeux de casinos d’autre part, tout en ouvrant le marché des jeux en ligne.

La prescription de benzodiazépines et de Z-drugs (zolpidem, zopiclone, zaléplone) est fréquente en Suisse, y compris en traitement de longue durée. Il peut s’ensuivre une dépendance physique ou psychologique, et plus rarement un syndrome de dépendance. En l’absence de directives reposant sur des évidences scientifiques consolidées, les pratiques effectives des professionnels de la santé sont sujettes à débat. L’est également l’obligation d’obtenir une autorisation cantonale préalable à la mise en place d’un traitement contenant ces substances soumises à contrôle. Le présent article décrit les conditions dans lesquelles une telle autorisation est requise ou non.