Bien que la transmission du SRAS-CoV-2 via les gouttelettes respiratoires humaines et le contact direct soit claire, la potentialité d’une transmission par aérosol est mal connue.
Cette étude a examiné la nature aérodynamique du SRAS-CoV-2 en mesurant l'ARN viral dans les aérosols dans différentes zones de deux hôpitaux de Wuhan. Trois types d’échantillons d'aérosol ont été prélevés :
- des échantillons d'aérosol de particules totales en suspension (sans limite de taille supérieure pour quantifier les concentrations d'ARN du SRAS-CoV-2 dans les aérosols ;
- des échantillons d'aérosols aérodynamiques séparés par taille pour déterminer la distribution de taille du SARS-CoV-2 aéroporté ;
- des échantillons de dépôt d'aérosols pour déterminer le taux de dépôt du SARS-CoV-2 en suspension dans l'air.
La concentration d'ARN du SARS-CoV-2 dans les aérosols détectés dans les salles d'isolement et les chambres de patients ventilées étaient très basses, mais elles étaient élevées dans les toilettes (non ventilées) des patients. Les niveaux d'ARN du SARS-CoV-2 en suspension dans l'air dans la majorité des zones publiques étaient indétectables, sauf dans deux zones sujettes à l'encombrement, probablement en raison de porteurs infectés dans la foule.
Les auteurs ont constaté que certaines zones attribuées au personnel médical avaient initialement des concentrations élevées d'ARN viral avec des distributions de taille d'aérosol montrant des pics dans les régions submicrométriques et / ou supermicrométriques, mais ces niveaux ont été réduits à des niveaux indétectables après la mise en œuvre de procédures de désinfection rigoureuses. Bien que les auteurs n’aient pas établi l'infectiosité du virus détecté dans ces zones hospitalières, ils proposent que le SRAS-CoV-2 pourrait avoir le potentiel d'être transmis par les aérosols. Les résultats indiquent que la ventilation des pièces, les espaces ouverts, la désinfection des vêtements de protection, ainsi que l'utilisation et la désinfection appropriées des toilettes peuvent limiter efficacement la concentration d'ARN du SRAS-CoV-2 dans les aérosols.
Commentaire
Cette étude met en évidence l’attention que nous devons porter sur différentes potentialités de transmission par aérosol. En plus d’une distance minimum d’au moins deux mètres la ventilation et la désinfection des endroits non ventilés (dans cet exemple des toilettes mobiles non ventilées) permet d’éliminer efficacement une source potentielle de propagation du virus. Mais surtout des mesures de protection individuelle pour le grand public doivent être mises en place. La présence de virus « aérolisés » dans des lieux publics fréquentés incitent à encourager voire imposer le port de masques (même s’il nous manque actuellement des données scientifiques). Ces lieux étaient deux zones très fréquentées - l'entrée d'un grand magasin et un site à côté de l'un des hôpitaux – et elles avaient des concentrations élevées d'ARN viral.