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ISO 690 Boudry, J., Studer, J., Villard, G., Où l’on parle des apparents paradoxes de l’histoire et où l’on s’interroge sur la relation médecin-malade, Rev Med Suisse, 2005/031 (Vol.1), p. 2056–2056. DOI: 10.53738/REVMED.2005.1.31.2056 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2005/revue-medicale-suisse-31/ou-l-on-parle-des-apparents-paradoxes-de-l-histoire-et-ou-l-on-s-interroge-sur-la-relation-medecin-malade
MLA Boudry, J., et al. Où l’on parle des apparents paradoxes de l’histoire et où l’on s’interroge sur la relation médecin-malade, Rev Med Suisse, Vol. 1, no. 031, 2005, pp. 2056–2056.
APA Boudry, J., Studer, J., Villard, G. (2005), Où l’on parle des apparents paradoxes de l’histoire et où l’on s’interroge sur la relation médecin-malade, Rev Med Suisse, 1, no. 031, 2056–2056. https://doi.org/10.53738/REVMED.2005.1.31.2056
NLM Boudry, J., et al.Où l’on parle des apparents paradoxes de l’histoire et où l’on s’interroge sur la relation médecin-malade. Rev Med Suisse. 2005; 1 (031): 2056–2056.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2005.1.31.2056
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RÉFLEXION
7 septembre 2005

Où l’on parle des apparents paradoxes de l’histoire et où l’on s’interroge sur la relation médecin-malade

DOI: 10.53738/REVMED.2005.1.31.2056

«Chateaubriand a résumé quelque part l’histoire de la noblesse, en disant qu’elle avait passé de l’âge des services à l’âge des privilèges et de l’âge des privilèges à l’âge des vanités. La finance, qui n’aurait jamais dû quitter l’âge des services, n’est pas prête, loin de là, à se contenter de vanités ! Les démocrates et les constructeurs du monde moderne la laisseront-ils se cantonner dans l’âge des privilèges?»

Pierre Mendès France

Cétait dans les années 60: le marxisme était à la mode, même dans les facultés de médecine. Parmi les médecins, la frange conservatrice fustigeait cette dérive gauchiste en signalant avec morgue et mépris la place qui était réservée aux soignants dans l’organigramme marxiste de la société: ils étaient relégués à l’entretien de la production.

Trente à quarante ans se sont écoulés: le capitalisme se croit triomphant et le médecin découvre (avec surprise?) que le monde ultralibéral lui réserve une place identique dans l’organigramme de la société : il est… relégué… à l’entretien de la production!

D’ailleurs, dans les milieux économico-politiques de notre société occidentale, on n’utilise plus guère le terme «médecin», sinon pour l’aide au tiers-monde, vraisemblablement parce qu’il véhicule une part d’humanisme, philosophie dérangeante dans une société qui se doit de tout mettre en statistiques et en chiffres et qui ne raisonne qu’en termes de coûts-bénéfices, pertes et profits, rendement-rentabilité. On lui préfère donc le terme de «prestataire de soins», tellement mieux adapté à la déshumanisation de la société actuelle. A cet égard, il n’est pas innocent de relever qu’une autre profession a changé d’appellation : pendant longtemps nous avons connu des chefs du personnel, à l’époque bien sûr où les collaborateurs étaient encore considérés comme des personnes. Aujourd’hui, l’être humain étant devenu une ressource au même titre que l’eau, l’électricité ou le mazout, il est donc normal que l’ancienne dénomination soit remplacée par une nouvelle, mieux adaptée à la triste réalité; on parle donc tout naturellement de «responsable des ressources humaines» !

Oui, Mendès France a raison. Inexorablement nous dérivons dans un «nouvel» ancien régime où la finance et le purement économique remplacent la noblesse : même arrogance, même manque d’autocritique, même manque de scrupules, même insouciance des conséquences à long terme des décisions d’aujourd’hui, même certitude de détenir la Vérité. La finance et le tout économique trouvent d’ailleurs, comme dans l’ancien régime, des laquais, par exemple le Dr H. H. Brunner, vice-directeur de l’Office fédéral de la santé publique qui, apparemment sans la moindre nuance, et c’est un comble pour le médecin qu’il est, va jusqu’à dire: «Lorsque le journal des médecins parle de l’importance presque mythique de la relation médecin-patient, il s’agit d’une jolie échappatoire pseudo-religieuse permettant de ne pas livrer des faits» (Interview dans la revue de l’assurance maladie Chrétienne Sociale Suisse). C’est évidemment un cardiologue spécialisé en soins intensifs qui parle et la relation qu’il a avec des malades passe par la technique et des machines. Prendil le temps d’écouter la souffrance humaine, d’accompagner des patients pendant des années? Si l’on suit son raisonnement et celui de son chef de Département, il ne nous reste plus qu’à souhaiter l’avènement du «Meilleur des mondes» d’Aldous Huxley: que l’être humain cesse d’avoir des états d’âme et devienne réellement une machine biologique modifiable, gérable et programmable par ordinateur, corvéable à merci sans discussion ni révolte…

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Collègues médecins de premier recours, c’est à nous de réagir ! Notre travail quotidien nous enseigne qu’il n’est pas de Vérité unique, sinon celle de la complexité infinie de la personne humaine. C’est notre patient que nous avons à soutenir, à défendre, à accompagner. Où sera donc entendue la souffrance humaine si elle ne peut plus s’exprimer dans nos cabinets? Dans la société qui se déshumanise, nous avons encore et toujours à nous mobiliser pour donner à la personne la priorité sur la technique et l’économie, même et surtout face à l’assurance maladie qui, oubliant la mutualité originelle, ne s’intéresse qu’à son propre profit. Si nous l’oublions, les générations futures, à juste titre, ne nous le pardonneront pas.

Auteurs

Jean-Paul Studer

Rue Ernest-Roulet 11 2034 Peseux

Gilbert Villard

Rue de la Fin 14 2016 Cortaillod

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