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ISO 690 | Nau, J., Des syndromes psychogènes et de leur prise en charge (2), Rev Med Suisse, 2007/111 (Vol.3), p. 1273–1273. DOI: 10.53738/REVMED.2007.3.111.1273 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2007/revue-medicale-suisse-111/des-syndromes-psychogenes-et-de-leur-prise-en-charge-2 |
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MLA | Nau, J. Des syndromes psychogènes et de leur prise en charge (2), Rev Med Suisse, Vol. 3, no. 111, 2007, pp. 1273–1273. |
APA | Nau, J. (2007), Des syndromes psychogènes et de leur prise en charge (2), Rev Med Suisse, 3, no. 111, 1273–1273. https://doi.org/10.53738/REVMED.2007.3.111.1273 |
NLM | Nau, J.Des syndromes psychogènes et de leur prise en charge (2). Rev Med Suisse. 2007; 3 (111): 1273–1273. |
DOI | https://doi.org/10.53738/REVMED.2007.3.111.1273 |
Exporter la citation | Zotero (.ris) EndNote (.enw) |
Oserait-on, en ce printemps de l’année 2007, assimiler le «syndrome psychogène» à ce qu’on appelait hier l’«hystérie collective»? Oserait-on, surtout, aller jusqu’à envisager des parallèles avec ce que jadis recouvrait le joli terme de possession? Nous avons vu l’approche que pouvaient, sur ce thème, avoir les spécialistes de l’Institut national français de veille sanitaire (InVS) en usant des outils modernes de l’épidémiologie (Revue médicale suisse du 9 mai). Poursuivons l’exercice en plaçant cette fois la focale sur ce que ces spécialistes dénomment «Epidémie inexpliquée parmi le personnel de la mairie de Villejuif. France 2004-2005: de l’utilité de l’investigation en tant qu’outil de gestion».a
La thermodynamique de l’inconscient étant ce qu’elle doit être, peut-être faudra-t-il ne pas exclure les autres siphons
«En 2004 puis 2005, le personnel de la mairie de Villejuif, Val-de-Marne, a présenté une épidémie de symptômes inexpliqués de nature irritative générant une grande anxiété relayée par les médias et entraînant une fermeture temporaire des locaux. L’enquête menée en février 2005 s’est attachée à décrire les événements de santé en élargissant la recherche de cas à la population riveraine, à comprendre le contexte dans lequel ils étaient survenus et à explorer l’hypothèse d’une exposition environnementale, résument les auteurs. L’épidémie a touché 17% des 229 membres du personnel en 2004 puis 30% en 2005 avec des signes d’irritation des muqueuses et de la peau, plus rarement des signes généraux (fatigue, maux de tête), le tout sans caractère de gravité avec une forte dimension collective et une disparition des signes à la sortie des locaux. Elle n’a pas concerné la population alentour.»
La recherche de produits toxiques dans l’environnement extérieur et dans les locaux a été négative, par contre l’air intérieur était confiné. Les symptômes se sont déclarés, les deux années, dans le même service caractérisé par des conditions de travail difficiles. Un diagnostic de «syndrome des bâtiments malsains» a été posé par les investigateurs et des recommandations pour la gestion de l’événement ont été faites aux responsables de la mairie et au personnel. La rapidité de l’investigation, l’articulation étroite entre les différents intervenants, l’implication des salariés ont été des facteurs contribuant à la bonne gestion de l’événement.
Arrêtons-nous un instant sur les symptômes de Villejuif observés de février à avril 2004: «manifestations irritatives des muqueuses et de la peau» associées à des «signes généraux bénins» et une «forte anxiété collective». Quel fut le facteur déclenchant, du moins le facteur déclenchant supposé?: «la surchauffe des batteries d’un appareil informatique occasionnant la libération ponctuelle de vapeurs acides». Puis, à nouveau, début 2005 les mêmes symptômes réapparaissent, cette fois sans facteur déclenchant particulier. Ils conduisent, à nouveau, «à l’évacuation d’une partie des locaux tandis que les médias s’inquiètent du risque encouru par la population riveraine.» Mais y aurait-il hystérie collective, y aurait-il phénomène de possession en l’absence des médias?
A Villejuif, on enquêta. On mesura de mille manières la qualité de l’air intérieur, de l’air extérieur. On interrogea les victimes et les professionnels de santé. On calcula que les femmes étaient 1,7 fois plus touchées que les hommes. On vit aussi qu’en 2005, comme en 2004, le mal était apparu au rez-de-chaussée du bâtiment 5 dans le service d’actions sociales. On enregistra que des «odeurs anormales» avaient été perçues avant l’émergence des symptômes, ces odeurs renvoyant aux termes «soufre ou gaz», «égout et moisi» en 2004 puis, en 2005, à «bombe lacrymogène». «Les termes utilisés en 2004 sont à mettre en relation avec l’incident portant sur les batteries et l’absence, à l’époque, de siphon sur les canalisations d’évacuation.»
Qui dira un jour les mérites du siphon (du latin sipho, emprunté au grec), ce tube en forme d’U renversé permettant de transvaser les liquides d’un niveau à un autre, plus bas, en les élevant d’abord au-dessus du niveau le plus haut? Ou plus précisément, pour ce qui est de Villejuif, les mérites de ce tube deux fois recourbé, dont la courbure intérieure est remplie d’eau, servant à évacuer les eaux usées tout en empêchant le dégagement des mauvaises odeurs?
La thermodynamique de l’inconscient étant ce qu’elle doit sans doute être et la vie n’étant rien d’autre qu’une «oxygénation forcée» peut-être faudra-t-il ici ne pas exclure les autres siphons? A commencer par cet organe tubuleux de certains mollusques bivalves fouisseurs qui permet à ces derniers d’assurer le renouvellement de leur eau respiratoire. Sans exclure la carafe en verre épais, fermée par une soupape commandée par un levier, pour obtenir l’écoulement d’un liquide sous pression. Et nous ferons bien évidemment ici l’économie de l’usage du participe passé du verbe transitif dérivé du nom siphon.
Les leçons à tirer de l’affaire de Villejuif? Les auteurs de la publication de la revue de l’InVS les donnent. Tout d’abord, des investigations rapides et globales «prenant en compte l’ensemble des dimensions, épidémiologiques, environnementales et sociales». Il faut aussi associer les personnes concernées et, ce, depuis le début de l’investigation jusqu’à la restitution des résultats. Ceci semble en effet «un facteur favorisant l’arrêt du phénomène». «La reconstitution précise de l’événement ainsi que la rencontre des informateurs clés sont un préalable aux investigations, permettant de comprendre le déroulement, de repérer l’éventuel facteur déclenchant, d’identifier les facteurs sociaux et de repérer les populations concernées», soulignent les auteurs.
A ce stade, nous ne résistons plus à délivrer un conseil à nos lecteurs: la lecture, parallèle, de cette publication et celle de ce chef-d’œuvre1 qu’est dans un genre voisin La possession de Loudun. Un genre voisin, pour ne pas dire le même; ce qui conduirait immanquablement à faire de certains spécialistes d’épidémiologie, les descendants en ligne directe des toujours célèbres exorcistes.
(Fin)
Jean-Yves Nau
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