Sommaire du numéro
ISO 690 Grillet, J., Les réseaux de médecins : ce que j’en pense (8), Rev Med Suisse, 2008/147 (Vol.4), p. 620–620. DOI: 10.53738/REVMED.2008.4.147.0620 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2008/revue-medicale-suisse-147/les-reseaux-de-medecins-ce-que-j-en-pense-8
MLA Grillet, J. Les réseaux de médecins : ce que j’en pense (8), Rev Med Suisse, Vol. 4, no. 147, 2008, pp. 620–620.
APA Grillet, J. (2008), Les réseaux de médecins : ce que j’en pense (8), Rev Med Suisse, 4, no. 147, 620–620. https://doi.org/10.53738/REVMED.2008.4.147.0620
NLM Grillet, J.Les réseaux de médecins : ce que j’en pense (8). Rev Med Suisse. 2008; 4 (147): 620–620.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2008.4.147.0620
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Actualité
5 mars 2008

Les réseaux de médecins : ce que j’en pense (8)

DOI: 10.53738/REVMED.2008.4.147.0620

Tout comme le pétrole, les ressources de la Santé en temps, en énergie et en argent sont limitées. Ainsi, chaque instant passé à autre chose qu’à s’occuper du patient, chaque franc dépensé en technologie administrative ou toute énergie placée dans l’administration vient en soustraction des capacités de soins au patient et donc à la qualité de ce que le système de santé est censé lui apporter. Certes, un minimum est nécessaire et une formation adéquate est indispensable.

A mon avis, les visions du problème des réseaux ne sont de loin pas tous les mêmes. D’un côté, le Président de la FMH se profile comme le défenseur des réseaux, mais selon un système très souple qui laisse la place à de multiples formules. En politique comme en médecine, il faut savoir choisir la moins mauvaise solution, et il est bien clair que les réseaux (du type de ceux envisagés par le Dr de Haller) seront moins dommageables que la fin de l’obligation de contracter et le financement moniste des hôpitaux, comme cela est prévu dans le texte qui sera soumis au vote le 1er juin.

Pour les médecins de premier recours, c’est une occasion de remédier à leur constante impression d’inégalité. Mais chez ces confrères, récemment fédérés en société des médecins de famille, l’idée est plus « dure » et ils se voient volontiers devenir les régulateurs du système de santé. Il y a malheureusement fort à craindre pour eux et, tout comme avec le Tarmed, ce seront eux, une fois de plus, qui feront les frais de cette nouvelle orientation de la médecine. En effet, qui dit « réseau » dit aussi « managed care » et « gate-keeper ». Le système préconisé par les médecins de premier recours évoluera vers un système où les généralistes seront soumis eux-mêmes aux gate-keeper (qui seront employés des assureurs) qui décideront qui devra mériter des soins et quels soins, sans laisser aucune place à la réflexion des praticiens de terrain. Si c’est le système de GP anglais qui tente ces confrères, je leur souhaite bien du plaisir et je me retirerai alors pour ne plus traiter qu’une clientèle privée. Je ne voudrais en aucun cas participer à une médecine de qualité aussi médiocre et travailler pour des revenus qui seront encore plus faibles que ceux enregistrés actuellement par nos confrères d’Outre-Manche.

Alors pourquoi s’opposer aux « réseaux organisés » proposés par de nombreux groupes? En tout premier par goût de la liberté. Mais celle-ci gêne de plus en plus… Les médecins ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de perdre toute liberté et toute marge de manœuvre et qu’ils deviennent les jouets des administratifs qui rêvent de pouvoir faire entrer chaque patient et chaque médecin dans une case de leur organigramme et de pouvoir les « évaluer » en fonction de leurs coûts. Or les soignants qui consultent au quotidien savent que cela n’est pas possible, et que même une verrue n’a pas le même retentissement sur tous les patients. Les médecins semblent malheureusement avoir accepté une vision réductrice de leur art dont la caractéristique première est justement de s’adapter à chacun selon son vécu et à considérer chaque souffrance selon ses retentissements. Les « réseaux organisés » seront l’occasion de nourrir de nouvelles contraintes administratives qui prennent du temps et de l’énergie et qui ont donc un coût. Chaque petite consultation auprès d’un spécialiste entraînera obligatoirement un rapport. Les médecins finiront par passer plus de temps à écrire qu’à s’occuper des patients. Ces documents entraîneront un surcoût qui, à ma connaissance, n’a pas été chiffré, alors que, jusqu’ici, le rapide coup de téléphone au confrère n’était pas facturé. De plus ce rapport devra être classé, d’où augmentation du travail administratif, de la taille des armoires… Sans compter que ce rapport servira aux assureurs, qui finiront bien par l’avoir, pour cataloguer le patient. Quel peut donc bien être le bénéfice final pour le patient? Une augmentation des primes pour payer ce surplus d’administration?

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Récemment, une étude bernoise montrait que les patients âgés de plus de 80 ans étaient moins bien traités que les plus jeunes. Le critère de l’étude reposait, si j’ai bien compris, sur les actes de cardiologie interventionnelle. Preuve que l’on peut faire dire ce que l’on veut aux études, puisque chacun qui a travaillé dans un service d’urgences sait bien que les comorbidités augmentent avec l’âge et que les affections, notamment des fonctions intellectuelles, rendent les indications aux gestes invasifs plus relatives. Les études, d’autres, montrent également que la médecine de réseau coûte moins cher que la médecine libérale. On peut sans doute porter le même regard critique sur ces affirmations que sur l’étude bernoise de qualité des soins. Car je n’arrive toujours pas à voir où des économies peuvent être réalisées si aucun paramètre ne diffère. De toute manière, les médecins ont depuis toujours travaillé en réseau, pour le plus grand bien de leurs patients. Nul n’est besoin de réinventer la roue pour tout cela.

Si les réseaux permettent des économies, cela peut provenir de plusieurs raisons: 1) les médecins sont moins payés; 2) les médecins ont peur des statistiques et réduisent les soins et examens ; 3) les réseaux arrivent à obtenir des ristournes sur les examens de laboratoire ou certains examens et 4) les réseaux obtiennent des rabais sur les médicaments.

Dans tous les cas cela représente un mode de concurrence pour le moins discutable et laisse la porte grande ouverte à tous les abus et irrégularités, comme celles que l’on constate avec la distribution des génériques par les pharmaciens. Il ne faut pas s’y tromper: les vrais bénéficiaires des réseaux ne sont pas les patients, mais ce sont certainement bien plus les assureurs.

L’Académie suisse des sciences médicales a édicté des directives qui ont été reprises et imposées par la FMH quant aux relations qui unissent l’industrie pharmaceutique et les médecins, de peur que les premiers endoctrinent les seconds. Et voici que l’on veut mettre au point un autre système d’endoctrinement, de la pensée médicale juste, de l’application de guidelines, qui font que le médecin va peu à peu perdre sa capacité à inventer des combinaisons de traitements pour s’adapter au mieux aux besoins du patient. Fini ces « trucs » qui permettaient de soulager efficacement les patients « fonctionnels ». Terminé les placebos donnés avec tant de conviction qu’ils avaient des effets formidables. C’est l’application rigoureuse et mécanique des recommandations assénées par les responsables des réseaux. Et surtout n’en déviez sous aucun prétexte !

Il n’y a pas de miracle, on a la médecine que l’on cherche et que l’on défend. Si l’avenir est dans ce type de médecine de managed care, je me fais de gros soucis sur l’avenir des soins dont les patients bénéficieront et le futur des médecins suisses.

Auteurs

Jean-Pierre Grillet

Dermatologie et vénéréologie FMH I2
,
chemin de Beau-Soleil 1206 Genève

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