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ISO 690 Nau, J., Sida, tuberculose, paludisme, transparence, Rev Med Suisse, 2011/287 (Vol.7), p. 674–675. DOI: 10.53738/REVMED.2011.7.287.0674 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2011/revue-medicale-suisse-287/sida-tuberculose-paludisme-transparence
MLA Nau, J. Sida, tuberculose, paludisme, transparence, Rev Med Suisse, Vol. 7, no. 287, 2011, pp. 674–675.
APA Nau, J. (2011), Sida, tuberculose, paludisme, transparence, Rev Med Suisse, 7, no. 287, 674–675. https://doi.org/10.53738/REVMED.2011.7.287.0674
NLM Nau, J.Sida, tuberculose, paludisme, transparence. Rev Med Suisse. 2011; 7 (287): 674–675.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2011.7.287.0674
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Point de vue
23 mars 2011

Sida, tuberculose, paludisme, transparence

DOI: 10.53738/REVMED.2011.7.287.0674

C’est une situation à la fois inédite et bien complexe à laquelle sont depuis peu publiquement confrontés les responsables du «Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme».1 Au risque d’apparaître schématique, on peut résumer assez simplement de quoi il retourne. Il faut tout d’abord rappeler que le Fonds mondial correspond à une forme de partenariat sans réel équivalent entre public et privé. Sa mission : «attirer» et «décaisser» des fonds supplémentaires pour la prévention et le traitement du sida, de la tuberculose et du paludisme. Ce partenariat réunit gouvernements, représentants de la société civile, secteur privé et communautés affectées œuvrant en étroite collaboration avec d’autres organisations bilatérales et multilatérales.

Depuis sa création en 2002, cette structure est progressivement devenue la principale source de financement international des programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme avec le financement de subventions pour un montant total de 21,7 milliards de dollars. «A ce jour, les programmes soutenus par le Fonds mondial ont sauvé 6,5 millions de vies en apportant un traitement antisida à trois millions de personnes, un traitement antituberculeux à 7,7 millions de personnes et en distribuant 160 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide dans le cadre de la prévention du paludisme» assurent ses responsables.

Or voici que cette prestigieuse institution sanitaire annonce avoir été victime de malversations et de détournements de fonds. Pour l’heure, seul le Mali est accusé, mais d’autres pays africains sont visés. Le 2 mars, Michel Kazatchkine, directeur général du Fonds, annonçait qu’il venait de suspendre une subvention de près de quatorze millions de dollars précédemment allouée à la lutte contre le sida au Mali. «La mesure prend effet immédiatement et restera en vigueur jusqu’à ce que de nouvelles dispositions aient été prises pour gérer cette subvention, précisait-il alors. Le récipiendaire principal actuel, le "Groupe Pivot Santé Population" sera remplacé.»

Le Fonds mondial rappelait à cette occasion qu’en décembre 2010 il avait déjà, toujours au Mali, suspendu deux subventions destinées à la lutte contre le paludisme et qu’il en avait résilié une troisième ciblant la tuberculose après avoir établi que des fonds avaient été détournés et que certaines dépenses n’étaient pas justifiées. Concrètement : une subvention contre le paludisme de 14,8 millions de dollars pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide ; une subvention de 3,3 millions de dollars pour l’achat de médicaments contre le paludisme ; ainsi qu’une subvention de 4,5 millions de dollars destinée à la lutte contre la tuberculose ciblant entre autres les détenus, les communautés minières et les patients atteints de tuberculoses multirésistantes.

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Une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial avait alors permis de mettre au jour le détournement d’environ quatre millions de dollars : de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis de fausses factures, de faux documents d’appel d’offres et ils étaient à l’origine de surfacturations de biens et services, notamment pour ce qui concerne les activités de formation.

Au total, le Fonds mondial avait alors conclu des accords de subvention avec le Mali pour un montant de 123 millions de dollars, dont 79 millions avaient déjà été versés. Comment suspendre des subventions sans nuire aux malades directement concernés ? Les responsables assurent que, pour ce qui est du sida, la mesure qui vient d’être prise ne devrait pas concerner les 22 500 personnes actuellement traitées par des médicaments antirétroviraux : leurs soins sont financés via une autre subvention, gérée par le Haut Conseil national de lutte contre le sida du Mali. De même, des mesures ont été prises pour qu’il n’y ait aucune interruption des traitements des personnes tuberculeuses.

On espère que la situation redeviendra rapidement normale : le gouvernement malien a «condamné» les malversations et «collabore» avec le Fonds mondial pour assurer une reprise aussi rapide que possible des activités sanitaires subventionnées. Dans ce pays, seize personnes soupçonnées d’être à l’origine des malversations sont en détention. Mais l’affaire pourrait connaître de nouvelles dimensions ; quatre pays subventionnés vont faire l’objet d’un renforcement des contrôles et, déjà, de «restrictions imposées à leur mouvement de trésorerie» : la Côte d’Ivoire, Djibouti, la Mauritanie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Enfin, de nouvelles mesures de surveillance vont être prises, «destinées à empêcher et à détecter une éventuelle utilisation abusive de crédits alloués à des programmes de formation dans les 144 pays qui bénéficient de financements du Fonds mondial».

Situation bien délicate, donc. La découverte qu’il puisse exister (en Afrique et ailleurs) des malversations dans le domaine de l’aide humanitaire ou sanitaire n’est certes pas une nouveauté. Il est en revanche plus original de voir une institution internationale faire publiquement, et en temps réel, la transparence sur des faits qu’elle n’a pas su empêcher mais qu’elle entend prévenir. C’est là une forme de pari : la publicité donnée à ces faits sera-t-elle ou non de nature à ruiner l’image de l’institution et donc de nuire au développement de ses activités ? Quelle meilleure stratégie adopter ?

Il faut ici écouter le Dr Kazatchkine : «Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude et il nous incombe d’agir immédiatement pour y mettre fin, récupérer les fonds détournés et établir les moyens les plus fiables pour acheminer les ressources vers les personnes qui en ont le plus besoin. La suspension de subventions est, pour le Fonds mondial, le moyen de faire comprendre aux parties concernées que les détournements de fonds ne sont pas acceptables. Il s’agit ensuite de travailler de façon constructive avec les pays pour résoudre les problèmes et concentrer nos efforts pour sauver des vies.» Aujourd’hui le Fonds mondial fait savoir qu’il «exige» le remboursement de 34 millions de dollars qui ont disparu dans différents pays sur un total de treize milliards de dollars de crédits versés. Selon que vous serez pragmatique ou idéaliste, vous jugerez le taux des fuites bien modeste ou, au contraire, proprement insupportable.

Pour l’heure, il importe pour le Fonds de maîtriser, autant que faire se peut, la médiatisation de l’affaire. Et l’on ne cache pas, auprès des responsables une certaine irritation en voyant que les efforts accomplis en matière de transparence à visée pédagogique et préventive n’ont pas empêché certains médias de mettre en scène une «affaire» dont les principaux éléments leur étaient livrés «clef en main» ; une situation d’autant moins compréhensible qu’en octobre 2010 le Fonds s’était félicité du fait que cinq journaux européens (The Financial Times, El País, Le Figaro, Bild Zeitung, et The Independent) lui avaient «offert» des espaces publicitaires pour «remercier ses donateurs». Mais il n’est pas rare que le monde des médias puisse, aussi, être ingrat.

Auteurs

Jean-Yves Nau

jeanyves.nau@gmail.com

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