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ISO 690 | Nau, J., Tuberculose : les résistances aux antibiotiques menacent comme jamais, Rev Med Suisse, 2012/353 (Vol.8), p. 1746–1747. DOI: 10.53738/REVMED.2012.8.353.1746 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2012/revue-medicale-suisse-353/tuberculose-les-resistances-aux-antibiotiques-menacent-comme-jamais |
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MLA | Nau, J. Tuberculose : les résistances aux antibiotiques menacent comme jamais, Rev Med Suisse, Vol. 8, no. 353, 2012, pp. 1746–1747. |
APA | Nau, J. (2012), Tuberculose : les résistances aux antibiotiques menacent comme jamais, Rev Med Suisse, 8, no. 353, 1746–1747. https://doi.org/10.53738/REVMED.2012.8.353.1746 |
NLM | Nau, J.Tuberculose : les résistances aux antibiotiques menacent comme jamais. Rev Med Suisse. 2012; 8 (353): 1746–1747. |
DOI | https://doi.org/10.53738/REVMED.2012.8.353.1746 |
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Les nouvelles ne sont pas bonnes en provenance du front de la tuberculose. On peut en prendre depuis peu connaissance dans les colonnes du Lancet.1 Ces informations ont été reprises et résumées à l’extrême, ces derniers jours, dans différentes dépêches d’agences de presse internationales : le nombre des cas de formes de tuberculose résistantes aux traitements (et souvent mortelles), a atteint des niveaux alarmants. Dans certains pays, ces cas nécessitent des traitements de plus en plus complexes, de plus en plus coûteux. Ce travail a été réalisé dans huit pays (Estonie, Lettonie, Pérou, Philippines, Russie, Afrique du Sud, Corée du Sud et Thaïlande) entre 2005 et 2008. L’étude montre que 43,7% des patients atteints de tuberculose ne réagissaient pas à au moins un médicament de seconde intention (donné après l’échec d’un premier médicament antituberculeux standard).
Ce taux de prévalence des tuberculoses multirésistantes (TB-MR) est d’autre part très largement supérieur à celui avancé par l’OMS, qui était de l’ordre d’environ 5,4% pour la période étudiée. On sait que la TB-MR est définie comme résistante à au moins deux antituberculeux de première ligne – isoniazide et rifampicine.
«Nous sommes confrontés à des prévalences jusqu’à dix fois supérieures (à celles prévisibles) dans certains endroits», commente Sven Hoffner de l’Institut suédois de contrôle des maladies infectieuses dans un commentaire joint à l’étude. Plus grave encore, le taux de prévalence de la tuberculose ultrarésistante (TB-UR), une forme ne répondant plus qu’à un nombre infime de médicaments de seconde intention, atteint désormais 6,7% dans les huit pays étudiés. Rappelons que la TB-UR est définie comme résistant à l’isoniazide, la rifampicine, une fluoroquinolone et un antituberculeux injectable de seconde ligne. «Jusqu’à présent, des cas de tuberculose ultrarésistante ont été observés dans soixante-dix sept pays à travers le monde, mais la prévalence exacte reste inconnue» relève pour sa part le Dr Tracy Dalton des Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) américains d’Atlanta, qui a dirigé cette étude.
En pratique, dans le travail publié par The Lancet, les isolats de 1278 adultes atteints TB-UR ont été expédiés aux Etats-Unis où les CDC les ont testés pour leur sensibilité à onze médicaments antituberculeux de première et de deuxième lignes. Cette étude établit que les taux de prévalence de la TB-UR atteignaient 11,3% en Russie et 15,2% en Corée du Sud. La prévalence de la résistance varie considérablement entre les pays. Dans l’ensemble, la résistance à un médicament de deuxième ligne a été détectée chez près de 44% des patients, une proportion allant de 33% en Thaïlande à 62% en Lettonie.
Dans un cinquième des cas, des résistances à au moins un médicament de deuxième ligne ont été identifiées, allant de 2% aux Philippines et 47% en Lettonie. La proportion de cas présentant une résistance à une fluoroquinolone était de près de 13%, la prévalence la plus faible étant observée aux Philippines (7%) et la plus élevée en Corée du Sud (32%).
Autre enseignement de cette étude internationale : le risque de TB-UR est tout particulièrement élevé chez les patients précédemment traités. Un traitement antérieur par des médicaments de deuxième ligne est ainsi toujours le principal facteur de risque de résistance. Des analyses plus poussées ont aussi établi (mais faudrait-il en être surpris ?) que le chômage, des antécédents de détention, l’abus de consommation de boissons alcooliques et le tabagisme sont des facteurs associés à la résistance aux médicaments de deuxième ligne injectables. «Ceci suggère que les facteurs sociaux doivent être pris en compte dans la gestion de la tuberculose», conclut le Dr Dalton.
Alors que le traitement classique dure environ six mois, le traitement des formes résistantes s’avère nettement plus difficile, plus long et générant des coûts nettement plus élevés. «Des coûts qui pourraient bien être sous-estimés et qui augmentent rapidement» relève le Dr Dalton. Pour la TB-MR, ce coût peut, aux Etats-Unis, atteindre jusqu’à 250 000 dollars (200 000 euros) par patient, selon Tom Evans, un expert de la fondation Aeras qui travaille à développer un vaccin antituberculeux. Dans la TB-UR, le traitement peut durer deux ans, avec des médicaments encore plus coûteux et qui peuvent avoir de sérieux effets secondaires.
L’OMS estime à environ 8,8 millions le nombre de personnes qui ont développé une infection tuberculeuse en 2010 et à 1,4 million le nombre de celles qui en sont mortes prématurément. Les chiffres de l’OMS font aussi valoir que la TB-MR touche quelque 500 000 personnes chaque année, dont 150 000 décèdent. Il est généralement acquis que cette forme de tuberculose résulte avant tout de traitements inadaptés. Selon l’OMS, l’utilisation inappropriée ou incorrecte de médicaments antituberculeux (ou l’utilisation de médicaments de médiocre qualité) peut entraîner l’émergence de résistances. On pourrait sans doute évoquer aussi – mais le sujet est le plus souvent laissé dans les coulisses – le rôle de la contrefaçon, pratique excessivement répandue, rarement (pour ne pas écrire jamais) évaluée.
«Ces résultats montrent que la TB-UR est de plus en plus une source de préoccupation, en particulier dans les zones où la prévalence de la TB-MR est élevée. Néanmoins, l’information reste insuffisante pour donner une vision claire de la distribution dans le monde entier et l’ampleur véritable de la TB-UR, commente Sven Hoffner dans The Lancet. Des informations actualisées sur la TB-MR et des enquêtes sur les évolutions dans ce domaine sont urgentes, et ce d’autant plus que l’ampleur réelle de ce problème pourrait être sous-estimée et semble être en augmentation rapide.»
De fait, c’est bien d’informations fiables que les spécialistes ont besoin pour mieux cerner l’ampleur de la menace ; une menace dont on sait qu’elle ne saurait plus être dissociée de cet autre fléau infectieux qu’est le sida. L’an dernier (Rev Med Suisse 2011;7: 826-7), l’OMS précisait qu’en 2009, 1,6 million de personnes souffrant de tuberculose connaissaient leur statut pour le VIH ; elles étaient 1,4 million en 2008. L’organisation onusienne ajoutait alors que les taux de dépistage les plus élevés étaient observés en Europe (86%), mais aussi en Afrique (53%) et dans la région des Amériques (41%). Selon elle, dans 55 pays (dont 16 africains), 75% au moins des personnes tuberculeuses savaient si elles étaient ou non séropositives vis-à-vis du VIH. On espère que ces pourcentages ne sont pas surévalués.
L’OMS prenait alors soin de souligner que le pire n’était peut-être pas le seul scénario à retenir. Toujours selon elle, les statistiques officielles laissaient penser que les taux d’incidence au niveau mondial étaient en baisse (à l’exception de l’Asie du Sud-est, où ils seraient stables). Parvenir à maintenir cette tendance serait de nature à permettre d’atteindre «la cible de l’OMS», à savoir un élément présent dans les «Objectifs du Millénaire pour le développement» (OMD) des Nations Unies : arrêter la croissance et inverser la tendance de l’incidence de la tuberculose d’ici 2015. Nous sommes en 2012 et nous ne savons pas précisément qu’elle est la hauteur de la vague qui menace les fragiles acquis antituberculeux. Nous sommes en 2012, soit plus d’un siècle après l’attribution du Nobel de médecine à Robert Koch. Et Big Pharma semble radicalement impuissante à répondre à la demande pressante du renouvellement des stocks d’armes, de plus en plus émoussées, contre le vieux mal tuberculeux.
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